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L'AGONIE DES GRANDS SENTIMENTS
Les grands sentiments s'affaissent
On ne jure que par fesses
Aujourd'hui
L'amour n'est qu'un feu de paille
Qui prend juste sous la taille
J'en déduis
Que ça devient hypocrite
D'effeuiller la marguerite
De nos jours
On ne parle que de l'acte
Et mon sexe autodidacte
N'est pas sourd.
Les grands sentiments s'effacent
Le chagrin fait volte-face
Pour l'honneur
Il est mort le temps des roses
Les poètes parlent en prose
Du bonheur
Et c'est une maladresse
De mélanger la tendresse
Et le rut
Les séducteurs à la chaîne
Ont le cur en bois de chêne
Plutôt brut.
Les grands sentiments s'effritent
On nous vante les mérites
De la chair
C'est le temps de la luxure
Tu as gagné à l'usure
Phacochère
La vertu bat en retraite
C'est une vice qu'on maltraite
Désormais
Car il a jeté son masque
Le petit cochon fantasque
Qui dormait.
Les grands sentiments s'effondrent
On n'a plus le cur à fondre
En sanglots
Quand nos châteaux en Espagne
S'ils ne sont pas sous le pagne
Tombent à l'eau
Et les perles lacrymales
Qui ornaient les joues des mâles
Quelquefois
N'ont désormais c'est justice
Dames qu'on vous avertisse
Plus la foi.
Les grands sentiments affichent
Grise mine ça leur fiche
L'âme en deuil
Car l'amourette illicite
Plus jamais ne sollicite
Leur coup d'il
Mes grands sentiments me quittent
Après tout nous sommes quittes
C'est très bien
Je vais enfin pouvoir vivre
La jalousie me délivre
De ses liens
Et tant pis pour ceux qui râlent
Je ne dois à leur morale
Rien de rien.